C’est l’exhortation de saint Pierre à la communauté à laquelle il s’adresse dans sa première épître que nous entendions pour la fête de l’Evangéliste saint Marc.
L’humilité est la tenue du disciple du Christ, du chrétien qui veut se mettre à la suite de son Seigneur qui affirme « je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir ». Pourquoi se vêtir d’humilité ? Parce que Dieu, ajoute saint Pierre citant l’Ecriture, s’oppose aux orgueilleux.
L’orgueil se cache sous bien des formes. Le prétentieux, par orgueil, ne voudra être ni humble ni serviteur, campé dans ses prétentions, plus rapide à critiquer qu’à agir. La modestie, aux fausses apparences d’humilité, sert de travestissement à l’orgueil du paresseux, à la peur du faible, à la jalousie et à l’envie. Le modeste ne fait que mentir sur ce qu’il est, pour se cacher et se protéger. En tout cela, l’orgueil nous condamne à ne rien faire, à nous cacher et finalement, nous expose à l’humiliation.
A l’inverse, l’humilité, loin de nous enfermer, nous ouvre des horizons inattendus. Saint Pierre affirme « abaissez-vous sous la puissante main de Dieu, pour qu’il vous élève au temps voulu ». La première vertu de l’humilité est de permettre à Dieu de prendre sa place, là où l’orgueilleux cherche à prendre la place de Dieu. En laissant Dieu prendre sa place, nous aussi, nous prenons notre place, non pas en concurrence avec lui, mais avec lui, auprès de lui, sous la protection de sa main puissant, nous ne sommes pas seuls. « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous » ajoute encore saint Pierre. Il ne s’agit pas de se défausser face à ses responsabilités, mais au contraire, d’accepter humblement de ne pas les porter seuls, et par conséquent, se décider à agir, à oeuvrer, à parler !
Il me semble que nous risquons bien souvent de manquer de cette précieuse humilité, vêtement du serviteur, dans notre vie et notre foi chrétiennes. Nous nous limitons trop souvent à n’être que des spectateurs, des observateurs, des consommateurs de celles-ci. Revêtir l’humilité dans notre communauté chrétienne, c’est aussi accepter, chacun, de prendre sa place et sa part dans la vie de l’Eglise. Là où l’orgueil et la modestie privent l’Eglise de nos charismes, l’humilité, sous la puissante main de Dieu, met nos plus simples qualités au service de tous. Ce qui était un trésor caché, devient un bien partagé. Cela commence par une vie de prière sincère, régulière, quotidienne, qui est le moyen de revêtir ce vêtement de serviteur, de nous placer sous la puissante main de Dieu, de le laisser nous élever, par son amour et sa grâce.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades