Ce sont les premières paroles de Notre Seigneur à ses disciples dans l’Evangile de ce dimanche.
Cela fait plusieurs mois que nous prenons garde ! Nous le faisons par bon-sens et par prudence, nous le faisons par contrainte et obligation, nous le faisons en conscience et positivement ou par peur et inquiétude : masques, gel, distanciation, gestes barrières, déplacements, fermeture de commerce... Nous n’avons pas manqué de conseils, de prescriptions, d’interdictions, d’autorisations, d’avis éclairés... ou pas. Certains ont été prudent jusqu’à l’imprudence, d’autres imprudents jusqu’à l’inconscience. Beaucoup ont fait preuve d’initiative, de créativité et d’inventivité pour adapter leurs activités à la situation. Ce fut aussi l’occasion de gestes de solidarité, de compassion et de charité. Nous avons pris garde afin de ne pas être contaminés par le virus, nous avons pris garde afin de ne pas le transmettre, nous avons pris garde afin de préserver le personnel de santé.
Nous sommes prêts ! Oui, nous sommes prêts pour entrer dans ce temps de l’Avent qui précisément nous invite à prendre garde. Si nous sommes capables de prendre garde et de prendre les moyens pour cela, afin de préserver notre santé, notre société, notre système, alors, nous sommes entraînés pour prendre garde de ce qui est notre bien le plus cher : notre âme !
Oui, elle est un bien précieux. Notre âme, c’est ce qui nous identifie, nous distingue, fait que nous sommes uniques. Nous ne pouvons être réduits à ce que nous faisons, à notre apparence, à notre activité, à nos biens, à notre âge, à notre santé, à nos capacités physiques ou intellectuelles, à notre situation sociale, à nos qualités ou nos défauts, à nos fautes ou nos exploits... Et la situation que nous vivons nous en fait prendre conscience. Parler de notre âme, c’est dire tout ce que nous sommes, totalement, sans réduction ; c’est dire et affirmer que nous sommes créés à l’image de Dieu, capables d’aimer et d’être aimé, quelles que soient tous ces conditions ou conditionnements extérieures.
Cependant, Notre Seigneur ajoute une précision : « restez éveillés ! ». Et ce n’est pas une invitation à l’insomnie ! Il ne s’agit pas de tenir notre corps éveillé, mais notre intelligence, notre cœur, notre âme doivent demeurer éveillés ! Il y a tant de choses qui peuvent nous endormir, nous anesthésier, nous paralyser : la peur, la fatigue, le manque d’espérance, la solitude et l’isolement. Toutes choses qui pourraient nous faire passer à côté ou ignorer ce qui est essentiel à chacune de nos vie. Alors, restons éveillés et pour cela, il faut en prendre les moyens. Notre intelligence doit demeurer éveillée par la lecture, par l’étude, notamment de la Parole de Dieu et la vie des saints, ainsi que nous y exhortent le bx César de Bus : « En lisant les bons livres, Dieu et les saints parlent avec nous, et nous instruisent et exhortent à bien vivre ». Notre cœur et notre âme doivent demeurer éveillés, ne cessant de chercher à aimer et être aimé, par la prière, par la charité et la bienveillance envers le prochain.
Le bx César de Bus, dans les mêmes Instructions familières, ajoute « Pour le bien connaître il ne suffit pas d’ouïr sa parole dans la prédication, ou de parler souvent avec lui dans l’oraison fréquente, mais qu’il faut encore manger souvent avec lui en la sainte communion. ». Nous avons été plus ou moins privés de la participation à la célébration du sacrement de l’Eucharistie, .aussi, prenons les moyens de mesurer la grâce qu’y nous y est donnée, et d’y prendre part, avec une ferveur renouvelée, et une fidélité affermie.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades