Dans un peu plus d’une semaine, nous entrerons en Carême. Ces quarante jours, cette Sainte Quarantaine doit préoccuper notre cœur et nous placer dans un vrai enthousiasme, comme on prépare et planifie un voyage. Sans doute, comme lorsqu’on part en voyage, cela implique des changements dans nos habitudes, un bouleversement de notre quotidien, des choix et en conséquence, selon les caractères, un peu d’inquiétude.
Or, ce qui rend bénéfique un voyage, ce sont moins les kilomètres parcourus que, précisément, les changements dans nos habitudes et notre quotidien. Et c’est là qu’il y a des changements et des choix à faire. Le but de ce voyage, de ce pèlerinage, ce n’est ni un lieu, ni une destination lointaine, ni un exploit héroïque : il s’agit de se préparer à célébrer le mystère Pascal, le cœur et le fondement de notre foi et de notre vie chrétienne, de revenir à l’essentiel et de rencontrer le Christ dans notre vie.
Aussi, c’est avant tout avec le Christ-Jésus, pour Lui et en fonction de Lui, que nous devons prévoir et organiser cette aventure. Il s’agit de prendre les moyens d’être non seulement plus souvent avec Lui, en quantité, mais de l’être mieux, en qualité. Il s’agit donc de mettre de côté des occupations de notre quotidien qui nous prennent sinon du temps, au moins de notre attention. C’est le sens du jeûne : une privation volontaire d’activités ou de nourritures qui sans être mauvaises, nous prennent trop notre cœur.
Evidemment, la prière doit occuper la première place, que ce soit le temps que nous y accordons personnellement dans la journée, comme celui que nous pouvons lui accorder, par la messe dominicale, évidemment, mais aussi, en semaine. Il s’agit, avant tout, de nous mettre à son écoute, d’être attentif à sa Parole. Et dans cette démarche de prière, la Parole de Dieu devrait prendre une plus grande place. A cet égard, le Chemin de croix est un moyen concrèt de se mettre à la suite du Christ en écoutant et méditant sa Parole.
C’est une démarche de pénitence qui nous coûte, certes, mais qui doit être motivée par la joie de savoir que nous allons Le retrouver, et par là-même, nous retrouver nous-mêmes. La pénitence n’est pas triste en elle-même, au contraire, parce qu’elle est une réponse à l’appel d’amour de notre Dieu. C’est cette joie qui doit nous enflammer et nous animer lorsque nous allons nous confesser, parce que nous savons non seulement que nous répondons concrètement à l’appel du Seigneur, que nous allons le rencontrer dans son amour de miséricorde, que sa grâce va consacrer et permettre notre conversion.
Alors, pour préparer nos valises, il s’agit moins de les remplir, que de les vider, de les alléger, pour être plus disponibles pour Lui.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades