Ce matin, je me suis demandé comment j’avais appris à prier. A bien y réfléchir, c’est d’abord avec les yeux que j’ai appris à prier. Il me semble nécessaire de regarder. Ne dit-on pas que le regard est la fenêtre de l’âme ?
Aussi loin qu’il m’en souvienne, enfant, j’ai regardé ma grand-mère prier lorsque j’étais avec elle, au pied du lit, à genoux. Je garde le souvenir de ces moments : le crucifix au dessus du lit, la statue de la Notre-Dame de Lourdes sur la commode – que j’ai conservée précieusement, parce qu’elle est plus qu’un souvenir. J’ai regardé ma grand-mère, à genoux à la messe, pour l’action de grâce.
J’ai regardé cette paroissienne de Bollène, Madame Chausson – dont j’aime évoquer le souvenir avec reconnaissance – égrenant son chapelet, à genoux à la messe, elle aussi, pour la prière personnelle, pour la consécration, pour l’action de grâce.. malgré ses problèmes d’arthrose, avec foi, avec humilité.
J’ai regardé ces nombreux prêtres qui ont marqué ma vie de chrétien, prier et célébrer la sainte liturgie. Mais je pense notamment à Mgr André Reyne, quel que soit la température, fidélement présent dans la Basilique de Notre-Dame-des-Doms, à prier son bréviaire, à célébrer avec constance et délicatesse la sainte-Messe.
Je pense encore à ce petit garçon qui regardait son papa prier pour la prière en famille, le soir, à la maison. Je ne doute pas qu’il ait ainsi commencé à prier lui-aussi.
Par le regard, dans nos églises, riches non seulement d’un précieux patrimoine artistique, mais aussi du témoignage de foi dont ils sont porteurs.
Prenons le temps de regarder à la faveur de cette période de vacances, parce que c’est déjà commencer à prier.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades