Ces paroles, tirées du psaume 50 - le Miserere, psaume de pénitence par excellence - soulignent ce qui doit être au cœur de notre préparation de Carême. Lorsque nous disons « pénitence » a priori, cela évoque des sentiments ou dispositions plutôt négatives : efforts, difficultés, renoncements, privations, épreuves, douleurs, souffrance peut-être ! Ce n’est pas nécessairement complètement faux, mais c’est insuffisant et trop partiel. Nous pourrions courir le risque de penser que ces réalités sont choisies pour elles-mêmes, comme si elles étaient une fin en soi, un exploit à accomplir. Nous pourrions même penser que nous devons avoir une certaine complaisance, une satisfaction, une délectation en cela. Ce serait malsain, si c’était le cas, en outre, cela nous détournerait de l’essentiel.
Le même psaume poursuit : « que l’esprit généreux me soutienne. Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés ». La pénitence, pour être juste, efficace, féconde, doit être joyeuse et généreuse. La joie et la générosité doivent être la cause de notre pénitence, son but et son contenu. Oui, la pénitence doit être joyeuse et généreuse, c’est cela qui donnera de la valeur à nos actes de pénitence, qui en permettra la fécondité, nous fera dépasser et surmonter ce qui pourrait être pénible et douloureux.
Il en est de la pénitence comme lorsque l’on sait que l’on doit recevoir des amis pour un repas. Cela prend du temps, nous demande des efforts, de faire des choix, de renoncer à d’autres activités qui nous semblaient incontournables, implique des dépenses et de l’énergie. Mais tout cela, nous ne le voyons pas vraiment lorsque nous donnons généreusement, pourquoi ? Parce que ce qui est premier, c’est l’amitié de ceux que l’on aime, la joie de les voir, de les recevoir, de leur faire plaisir, la satisfaction de cette générosité qui est comme une reconnaissance, une réponse et une consécration de cette amitié.
J’encourage chacun, en particulier dans le sacrement de la réconciliation, de la miséricorde et de la pénitence, à vivre généreusement cette joie, sans rester fixés ou bloqués par le coût que cela représente. C’est le Christ que nous rencontrons et retrouvons en cette démarche, c’est Lui qui est la raison et la cause de cet effort, c’est Lui - son amitié et sa grâce - qui est la joie même de notre salut.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades