Ce dimanche de Pentecôte les ornements du prêtre sont de couleur rouge, qui est habituellement celle des révolutionnaires ! Et si c’était en effet le moment de faire la Révolution, une authentique Révolution où la majuscule est méritée ?
Trop souvent, les révolutions des hommes consistent à détruite, y compris par la violence, un ordre établi qui n’est pas satisfaisant, quelle que soit la légitimité de cet objectif. S’il est question de changement, c’est celui des autres qui est recherché, ceux qui sont désignés comme les ennemis. Certes, la source de ce mouvement est un mécontement ou un sentiment d’injustice. Il me revient à la mémoire un dialogue dans un album de la bande dessinée Achille Talon. Des révolutionnaires rencontrés au cours d’une aventure déplorent que leurs ennemis ont tout, et eux n’ont rien. Le héros leur demande alors ce qu’ils veulent faire avec leur révolution, et eux de répondre, en substance : « Tout changer ! Que nous ayons tout et qu’eux n’aient rien ». La belle affaire !
Nous avons entendus pendant plusieurs mois des déclarations généreuses et enthousiastes, avec une conviction affichée : le monde d’après ne sera plus comme celui d’avant. Ainsi que je le soulignais dans les semaines passées, ceux-là qui avaient fait ces déclarations sont les mêmes qui ont repris les méthodes, les principes et les moyens d’avant pour sortir du confinement. Pouvons-nous demeurer confiner dans cette forme sournoise de dictature ?
La véritable révolution ne consiste pas à changer les autres, les structures ou le monde. C’est vain et illusoire, et bien souvent cela prépare d’autres déceptions et fait le lit d’injustices nouvelles. L’histoire foisonne d’exemples à ce égard. La véritable révolution est une conversion où chacun doit se remettre en question et se libérer de ses habitudes mauvaises ou au moins confortables qui nous éteignent.
C’est dire que la véritable révolution doit nous tourner chacun, personnellement, individuellement et intimement, vers le Christ-Jésus notre Sauveur. Il ne s’agit pas de détruire, mais de construire et de prendre les moyens, non pas seulement de faire une place au Christ dans notre vie, parmi d’autres options, mais de lui laisser SA place. Le premier moyen de réaliser concrètement cela, c’est de donner au Dimanche sa place dans notre vie, notre quotidien et notre semaine, ce Dimanche dont les fidèles ont été privés dans la célébration publique trop longtemps.
Que l’Esprit-Saint souffle pour nous libérer de ce qui nous alourdit et nous faire avancer ! Que l’Esprit-Saint nous enflamme, dans la charité et l’espérance.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades