« Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » ! C’est la réponse que Notre Seigneur donna à ceux qui s’étonnaient qu’il prît son repas avec des publicains et des pécheurs.
Parmi eux, il y avait Matthieu qui, lorsque le Seigneur l’appela, « se leva et le suivit ». Matthieu était collecteur d’impôts, et comme tel, considéré comme un pécheur public, un pécheur dont le péché est connu de tous, et même dont c’est le métier, le moyen, assumé pour lui, de gagner sa vie. Or, Matthieu, à l’appel du Seigneur, n’a pas regardé en arrière, il a abandonné sa table de travail, ne s’est pas soucié de ce que pouvaient penser les foules sur lui. Comme collecteur d’impôt, il assumait son péché, mais en se laissant enfermer par lui, prisonnier qu’il était aussi du regard, du jugement et de la condamnation de la foule. Lorsque le Seigneur l’a appelé, tout cela ne comptait plus, il assumait aussi son péché, mais pour s’en laisser guérir et libérer.
Il est là ce premier pas qui seul compte. Ignorer son péché ou pire, le justifier, c’est lui donner plus de place et d’importance qu’il n’en doit avoir, en demeurant sous son emprise. En se levant et suivant le Seigneur Jésus, Matthieu entâme son chemin de conversion, de guérison, de libération, non pas seul avec son péché, mais avec le Seigneur Jésus, à sa suite. Ce premier pas, c’est celui de laisser le péché à sa place, c’est celui d’accepter ce regard d’amour et de miséricorde du Seigneur Jésus sur nous, en laissant de côté ce que nous pensons nous-mêmes de notre péché, ou ceux que les autres peuvent en penser.
Dans le sacrement de la Réconciliation, dans l’intimité et le secret du confessionnal, seul transparaît ce regard d’amour et de miséricorde, nous y entrons avec le poids de ce péché, nous y allons à l’appel du Seigneur, nous en sortons libres, guéris et libérés par la miséricorde de Dieu, forts d’être aimé, prêts à aimer. Le plus difficile ce n’est pas d’être pardonné de ses péchés, mais c’est accepter de l’être. La difficulté n’est pas du côté de Celui qui donne le pardon, mais du côté de celui qui le reçoit.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades