Ces mots sont ceux du lépreux qui s’adresse au Seigneur Jésus dans l’Evangile de saint Matthieu (chap. 8).
La lèpre est une maladie infectieuse qui fut longtemps incurable et qui est particulièrement mutilante, puisqu’elle atteint les nerfs, la peau et les muqueuses, jusqu’à ronger le corps, défigurer les malades, et provoquer de sévères infirmités. Même si elle est peu contagieuse, elle conduit ceux qui en sont touchés à s’isoler, coupés de la société et de leur famille.
Dans la Sainte Ecriture, la lèpre est souvent utilisée comme une allégorie du péché qui agit sur le cœur et la vie de l’homme, comme ce mal agit sur son corps et sa vie en société.
Aussi, la prière de ce lépreux, loin d’être un cri de désespoir et de souffrance, est un acte authentique de foi et d’espérance. Malgré la foule qui entoure Jésus, et malgré le mal qui le ronge et l’isole du monde, il s’approche de Jésus pour faire cette prière. Sa foi et son espérance se manifestent déjà dans cette démarche audacieuse, courageuse. Le désespoir aurait pu le laisser dans son mal, résolu. L’espérance et la foi le font aller au-delà de ses limites, des conventions, du regard de la foule.
Il n’y a ni condition, ni injonction, ni réclamation dans sa prière, mais la manifestation d’une grande confiance en la personne même de Jésus : « si tu le veux ». Ce n’est ni à un médecin, ni à un magicien qu’il s’adresse, mais à une personne, coeur-à-coeur, d’homme à homme. Il ne veut ni le convaincre, ni le contraindre, il se confie à lui, à son amour, à sa miséricorde, à sa compassion. Rien qu’en cela, ses mots sont un traité de vie spirituelle et de prière. Par ces mots, il nous apprend comment nous tourner et nous adresser au Seigneur Jésus.
« Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : ’Je le veux, sois purifié’ » : un geste, un contact, une parole. Nous avons là l’essentiel de ce qui est constitutif de tout sacrement, et en particulier de l’Eucharistie et de la Réconciliation. Chaque fois que nous recevons ces sacrements, nous sommes comme le lépreux qui surmontant ses limites et son péché, s’adresse au Seigneur Jésus : « si tu le veux, tu peux me purifier ». Que ces paroles soient pour nous, chaque fois, une prière qui nous creuse en notre cœur le désir de la grâce, qui nous prépare à célébrer les sacrements, qui nous dispose à recevoir cette grâce.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades