Les conséquences de cette épidémie sont spectaculaires - au-delà de ce que nous aurions pu imaginer - en terme de vies et de drames humains, de conséquences économiques. Les médias et les écrans ne cessent de nous inonder de ces images, de ces informations qui soulignent si douloureusement notre impuissance, notre vulnérabilité, notre fragilité. Alors, comment réagir ou agir ?
Dans ce spectacle, il y a celui, désolant, de la misère humaine par laquelle se libèrent les aspects les plus méprisables de l’homme confronté à ses limites : jalousie, envie, égoïsme, délation, complotisme, rumeurs, violence... Devant leur impuissance, saisis par leurs peurs, leurs angoisses et leurs inquiétudes, ils réagissent avec mesquinerie, comme des animaux acculés, avec l’énergie du désespoir.
Heureusement, il y a aussi le spectacle plus consolant et encourageant, du dévouement, de l’inventivité et de la générosité de nombreuses personnes, en particulier le personnel de santé, et tous ceux qui poursuivent leur travail dans ces conditions difficiles et éprouvantes, pour permettre au plus grand nombre de vivre au mieux. Ils le font bien souvent en mettant en danger leur propre vie et leur propre santé, sans avoir toujours la reconnaissance méritée. Leur travail, souvent dans l’ombre, apparaît clairement !
A nous de choisir d’être des spectateurs impuissants et passifs, de nous laisser emporter par nos plus obscures pensées, ou de nous inspirer de ce que nous offre de meilleur ce spectacle pour nous encourager, nous affermir et susciter de nombreuses initiatives à notre portée. En effet, être spectateur ne veut pas forcément dire être passif et condamné à subir les choses et les situations, et de les regarder de l’extérieur comme si nous ne pouvions rien faire d’autre.
Il n’est pas jusqu’à notre prière qui devienne un spectacle diffusé sur les écrans. Sans doute cela peut être une aide, un soutien, mais ce n’est que cela, et ne remplace pas notre participation active à cette prière ! Plusieurs d’entre-vous m’ont exprimé leur difficulté à prier « devant leur écran », et je les comprends. Cela nous pose la question de savoir comment nous vivons habituellement notre vie de prière et notre vie chrétienne, peut-être est-ce aussi comme des spectateurs ! Cette période nous conduit, dans des conditions toutes particulières, à chercher au plus profond de nous ce qu’il y a de meilleur, à laisser sourdre notre espérance, nourrie de foi et d’amour, non seulement pour notre prière mais aussi pour toute notre vie.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades