Tout a changé pour les disciples, ces hommes et ces femmes, lorsqu’ils ont rencontré le Seigneur Jésus. Oui cette rencontre a changé quelque chose dans leurs vies : un guérison, une libération, une résurrection, un pardon, dans tous les cas une parole, un geste, un regard. Dans cette rencontre personnelle, au-delà de la grâce concrètement reçue, il y a ce lien priviligié et unique avec le Seigneur.
Tout a changé dans leur foi, dans leur vie de tous les jours, dans leurs espoirs. Ils ont laissé leurs activités habituelles pour le suivre, ils ont mis en lui leur confiance. Pierre et les apôtres ont tout laissé pour être avec lui et assumer la mission qu’il leur confiait. Les foules l’ont suivi, ont cherché à écouter sa parole, ont attendu ses grâces, affrontant parfois des conditions difficiles. Leur foi a été nourrie et enrichie, leur espérance en a été fortifiée. Plusieurs ont espéré en lui, en pensant qu’il allait les libérer de l’oppression romaine. Leur espoir était à vue humaine, pour leur quotidien et leur bien-être, mais il était réel et ferme. Assurément, les miracles et les signes nombreux, notamment la multiplication des pains, les ont marqués et affermis. Quelle ne dut pas être leur joie, leur enthousiasme et leur ferveur au moment de l’entrée solennelle et triomphale à Jérusalem, le Dimanche des Rameaux, lorsque le Seigneur fut acclamé comme roi ! Cette entrée triomphale était aussi la leur.
Tout a changé, et brutalement, avec son arrestation et sa passion. La brutalité du changement fut sans doute d’autant plus grande et déstabilisante qu’elle venait après l’entrée triomphale. Tout semblait aller si bien et se déroulait de manière tellement formidable. Même ses plus proches l’abandonnent, voire le trahissent : l’enthousiasme fait place à la déception, les convictions à la trahison, la confiance à l’inquiétude, l’audace à la peur. Ce qui hier était assuré et acquis, aujourd’hui est remis en cause et anéanti. Les disciples ont peur, ils se cachent, ils demeurent enfermés chez eux.
Tout a changé, à nouveau, avec la Résurrection du Seigneur, parce que cela n’était ni espéré, ni attendu. Plus encore, il leur faudra du temps non seulement pour reconnaître le Seigneur Jésus, mais aussi pour gagner leur conviction, leur consentement. Mais une fois qu’ils ont retrouvé celui qui avait touché leur cœur, alors tout change vraiment. Avec audace, courage et force, ils abandonnent complètement leurs anciens espoir, pour se livrer, dans la foi, à une plus grande espérance. Leur vie change alors radicalement, et ceux-là même qui avait eu peur, se font les hérauts, les messager, les témoins de l’Evangile et de la Résurrection.
Et nous ? Que ferons-nous ? Tout peut changer !
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades