Il vous est sans doute arrivé, comme à moi, lorsque vous étiez enfant, de trouver un oisillon tombé du nid trop tôt. Nous le trouvons abandonné, seul, loin de toute protection, mais toujours vivant. Il ne peut retourner dans son nid, il ne peut se nourrir, il est vulnérable. Notre cœur d’enfant a alors réagi avec simplicité et tendresse : nous avons voulu en prendre soin, le nourrir autant que possible, le protéger, lui donner de la chaleur, tout en sachant, plus ou moins clairement, qu’il n’y a avait pas beaucoup d’espoir. Mais notre espérance fut plus forte.
Autour de nous, il y avait des adultes – pleins de sagesse ! – qui nous ont aidé dans cette mission, sans illusion. Peut-être pensaient-ils qu’il s’agissait d’une folie, mais ils nous ont aidé, saisis, au moins, par notre compassion. S’ils n’ont pas été sensibles à cet oisillon vulnérable et comme condamné, ils ont été touchés par notre émotion. Il n’y a eu personne pour nous dire que cela ne servait à rien, qu’il vallait mieux le laisser mourir, puisque de toute façon c’était l’issue fatale ; il n’y a eu personne pour piétiner notre souffrance et notre compassion, pour anéantir notre espérance ou la ridiculiser. Qui aurait osé dire qu’il vallait mieux le laisser mourir sans soin, sans essayer de le nourrir, sans essayer de lui apporter un peu d’affection et de tendresse ? Qui aurait osé nous dire qu’il aurait même mieux valu l’écraser pour abréger ses souffrances, ou le laisser mourir ? Qui aurait-eu une telle attitude de violence ? Qui aurait-eu l’idée de nous dire que nous étions fous, déraisonnables, voire fanatiques ?
Bien sûr, nous étions impuissants à lui apporter les soins appropriés, mais nous avions les moyens, à notre portée, de l’accompagner, de lui apporter non pas des soins, mais les secours naturels : « j’étais nu et vous m’avez vêtu, j’avais faim et vous m’avez donné à manger... », nous apprend l’Evangile.
« Vous valez mieux qu’une multitude d’oiseaux ! » Luc 12, 7
abbé Bruno Gerthoux
curé de Robion et des Taillades