« Nous portons un trésor comme dans des vases d’argile ;ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Cor 4, 7) enseigne saint Paul aux chrétiens de Corinthe.
Avons-nous conscience du trésor que nous portons, ce trésor de la foi dont nous avons reçu le dépôt ? Trop souvent, j’ai l’impression que nous le sous-estimons, le réduisant à des trésors terrestres, qui ne sont certes pas sans valeur, mais celle-ci est sans commune mesure avec celle du trésor de la foi. Nous défendons des valeurs, les racines chrétiennes, un patrimoine culturel et artistique, des traditions, des usages -qui finissent par n’être que des habitudes- ; nous sommes capables de dépenser du temps, de l’argent, de l’énergie pour cela. Nous sommes capables de nous émouvoir, de manifester notre colère devant les atteintes à ce patrimoine, comme pour l’incendie de Notre-Dame ou celui de la cathédrale de Nantes, et face à toutes les atteintes volontaires, accidentelles ou pire, par négligence, à ce patrimoine. Pour autant, avons-nous vraiment mesuré la valeur de ce trésor et prenons-nous les moyens adaptés pour défendre ce trésor ?
N’avons-nous pas omis une partie de la phrase de saint Paul ? C’est dans des vases d’argiles que nous portons ces trésors. Souvent, nous ignorons cette réalité, parce qu’elle nous met face à nos pauvretés et à nos limites. Or prendre conscience de cela, c’est aussi la voie pour trouver les moyens adaptés pour non seulement défendre et protéger ce trésor, mais pour le conserver, le faire vivre, l’enrichir. Si les églises brûlent, si les signes de la foi chrétienne sont attaqués et détruits, si les valeurs et les racines chrétiennes sont combattues, c’est peut être aussi parce que les chrétiens eux-mêmes semblent s’en désintéresser, ne pas prendre cela au sérieux, ne pas agir et vivre en cohérence avec ce qu’ils prétendent défendre.
Et ce trésor, avant d’être des objets, des bâtiments ou des valeurs, c’est le Christ-Jésus ressuscité en personne, qui vit avec nous par sa grâce, en particulier par les sacrements. C’est notre relation et notre vie avec le Christ, en Eglise, que nous avons en premier lieu à accueillir dans les vases d’argiles de nos cœurs et de nos vies. Avant d’être visible, cette réalité doit être vécue dans la réalité de nos cœurs.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades