Toute année nouvelle qui commence est pleine d’espérance et de promesse. C’est assurément ce que veulent manifester ces souhaits que nous nous adressons avec enthousiasme et ferveur, même si cela revêt parfois un caractère un peu formel, qui toutefois, n’enlève rien à la sincérité de l’intention. Il nous semble en effet que tout est possible. Il ne faudrait toutefois que nous laissions se dissiper cette espérance.
L’année 2018, en France, s’est achevée dans l’épreuve, la souffrance parfois la colère, aussi bien du côté de ceux qui ont manifesté que du côté de ceux qui ont subi parfois douloureusement cela. A bien des égards, il nous a semblé que les cœurs n’étaient pas à la fête. Comment, par ailleurs, aborder les fêtes de Noël sereinement, lorsque la préfecture nous engage très concrètement à beaucoup de prudence face à la menace terroriste ? Même lorsqu’il n’y a pas d’attentat, le poids de cette inquiétude demeure. Et chacun pourrait ajouter à cela ses propres préoccupations ou soucis.
En changeant d’année, nous avons comme l’impression de recommencer sinon à zéro, au moins de remettre les compteurs à zéro, prêts à repartir. C’est un élan nouveau qui nous est donné, des horizons nouveaux qui se présentent. Oui tout est possible. La première espérance est celle de ne pas recommencer les mêmes erreurs qui ont conduit à des conséquences malheureuses. Pour cela, il ne suffit pas d’oublier le passé, proche ou plus éloigné, mais il s’agit de savoir regarder avec honnêteté d’où nous venons, de savoir tirer les leçons du passé, de nos erreurs, de nos faiblesses, pour aborder le présent et l’avenir avec plus de force. Par ailleurs, tout n’est pas mauvais, et il faut savoir garder, conserver, entretenir ce qui est bon. Trop souvent, peut-être, nos espoirs sont déçus, parce que nous faisons comme si ce passé n’avait pas existé, et finalement, nous recommençons toujours les mêmes erreurs, et nous ne savons pas garder ce qui est bon.
Nos souhaits et nos vœux ne peuvent se limiter à n’être que de vaines invocations rituelles, comme des formules magiques, des pratiques supersticieuses, sinon nous nous condamnons à la déconvenue. Ces souhaits et ces vœux doivent aussi être le reflet de nos prises de consciences, de nos engagements, de notre implication personnelle. Nous ne vivons pas dans un monde où nous ne serions que des spectateurs, nous sommes dans ce monde, dans cette Création, que Dieu nous a confié pour en prendre soin. Si nous voulons que l’année soit bonne, encore faut-il que nous souhaitions nous-mêmes être bons ! L’année ne sera bonne que si nous le sommes nous-mêmes. Ce que nous pouvons aussi souhaiter, c’est de chercher à réaliser cela ensemble, les uns avec les autres, en nous soutenant et en nous aidant, forts de nos richesses pour surmonter nos pauvretés.
Plus encore, que cette année soit sainte, c’est-à-dire qu’elle soit le moyen de rencontrer, de connaître et d’aimer Celui qui seul est Saint, de vivre en sa présence, en son amitié. Ainsi que l’écrivait saint François de Sales : « la foi est un rayon du ciel qui nous fait voir Dieu en toutes choses et toutes choses en Dieu ». Loin de nous faire fuir le monde, la foi nous conduit à le voir avec un regard nouveau, un regard d’amour qui ne se reconnaît jamais vaincu.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades