Ces paroles d’encouragement de notre Seigneur sont d’abord prophétiques. Elles s’adressent d’une manière toute spéciale au Peuple de Dieu qui chemine depuis de nombreux siècles, espérant l’accomplissement des promesses de Dieu, préparant la venue du Sauveur, attendant de le reconnaître présent en son sein. Cette attente a été longue, et par ses paroles, Notre Seigneur annonce que le temps est venu.
Ces paroles, tirées de l’évangile de saint Mathieu, s’adressent à nous aujourd’hui. Notre attente n’est plus celle du Peuple de la promesse, puisque nous avons reconnu en Jésus, le Christ, le Messie, le Sauveur annoncé par Dieu. Sa victoire a déjà commencé, et nous sommes tournés vers l’avénement de Notre Seigneur dans la gloire à la fin des temps. Cette fin des temps n’est pas la fin de toute vie, mais au contraire, le début d’une vie nouvelle où la mort et le péché n’auront plus aucun pouvoir. Cependant, nous sommes aussi dans un temps d’attente, un temps d’épreuves où la souffrance a encore un pouvoir.
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » Comment le Seigneur peut-il, aujourd’hui, nous donner le repos, nous libérer de nos peines et de nos épreuves ? C’est par la grâce que cela s’accomplit ! Mais qu’est-ce que la grâce ? Comment agit-elle ? Une petit histoire que j’aime bien, peut nous éclairer. Un petit enfant voulait aider son papa à déplacer une lourde charge. Le papa accepte volontiers sa proposition. Toutefois, cet enfant trop petit, avec des forces modestes, ne peut ni porter, ni même déplacer cette lourde charge. Que faire ? A sa place, nous aurions sans doute baissé les bras, dépités par notre faiblesse, déçus voire humiliés de ne pouvoir honorer notre promesse. Le petit enfant, lui, demande à son papa de l’aider. A tous les deux, ils parviennent à déplacer la lourde charge. C’est bien l’enfant qui a déplacé cette charge, mais il l’a fait avec l’aide de son papa. C’est ainsi qu’oeuvre la grâce, pour autant que nous ayons le courage et l’humilité – oui, l’un et l’autre – de l’accepter, de l’accueillir, de demeurer attentifs aux moyens qu’elle donne.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades