C’est par ces mots que l’antique serpent du récit de la Genèse, veut conduire Adam et Eve au péché originel : « vous ne mourrez pas ! ...vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal ».
La voici l’antique tentation, le péché qui est à l’origine de l’histoire de l’homme, mais aussi à l’origine, à la source de tout péché, cette antique tentation qui se répète sans cesse.
Dans le récit de la Genèse nous apprenons que la Création a été confiée à l’être humain, comme un don. Tout lui est donné, sauf le fait d’avoir créé ce qu’il reçoit comme un don. Aussi le péché originel est bien celui de vouloir non seulement se passer de Dieu, mais prendre sa place, faire comme s’il n’existait pas, comme s’il n’était pas à l’origine de cette création, comme si l’être humain était maître et créateur de toute chose.
La tentation du serpent n’est pas simplement celle de discerner le bien du mal - puisque ce discernement est propre à l’homme - mais de prendre la place de Dieu et en conséquence, de décider ce qui est bien et ce qui est mal. Ce n’est plus une recherche d’une réalité, mais le choix de conformer, de contraindre la réalité à une idée, à une décision. Dans le premier cas, l’homme, humblement, recherche le bien pour discerner le mal. Dans le deuxième cas, l’homme prend une décision, indépendemment de la réalité, par orgueil, par prétention.
La conséquence de cette attitude, c’est la mort : celle de l’esprit, celle de l’âme et finalement celle du corps. Assurément, il y a une fascination de l’homme pour son propre pouvoir, pour ses capacités, pour sa puissance, mais au lieu de l’accueillir comme un don, comme une grâce dont il est bénéficiaire, il s’en sert pratiquement comme une arme contre contre Dieu, contre les autres et le monde, et finalement contre lui-même. Comme à l’origine, l’être humain est séduit par cette tentation, par ce qu’il se convainc d’être un bien désirable. Folie qui nous rend aveugles et inconséquents !
abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades