Avouez que c’est inattendu ! Si l’on veut être reconnu, habituellement, ce ne sont pas d’abord ses mains et ses pieds que l’on montre, mais plutôt son visage, non ? Si les disciples n’ont pas reconnu le Seigneur Jésus ressuscité à son visage et à son apparence, comment peuvent-ils le reconnaître à ses mains et à ses pieds ?
Ce qu’il montre, ce ne sont pas seulement ses mains et ses pieds, mais les blessures ou stigmates qu’ils portent. Et ces blessures ne sont pas simplement une marque de reconnaissance, un signe distinctif comme une marque de naissance, ou quelque code-barre ! Il n’est pas anodin que ses blessures soient le signe par lequel le Seigneur Jésus ressuscité se fasse reconnaître, parce qu’elles sont plus qu’un signe distinctif, mais comme le mémorial de sa Passion - et plus que le souvenir et la trace de ses souffrances et épreuves - celui de l’Amour éternel qui a porté nos péchés et nous en a libérés.
En effet, ce que voient les disciples, ce ne sont pa les blessures, mais ils reconnaissent l’amour miséricordieux qui a touché leurs cœurs, c’est-à-dire qu’ils voient à la fois la réalité et le poids de leurs péchés, et la réalité et l’immensité de l’Amour Miséricordieux qui les en a libérés. Ils ne voient pas simplement les apparences, ils reconnaissent, dans la foi, ce qu’elles montrent et dévoilent ! Ils voient désormais avec leurs yeux, ce que leur cœur entrevoyait dans la foi. Si nous voulons, nous aussi, reconnaître le Christ Ressuscité, c’est dans la Miséricorde que nous le pouvons voir, c’est-à-dire, à la fois dans la confession de nos péchés – sans honte, ni peur – et dans la reconnaissance de cet amour qui donne sa vie qui nous en guérit, délivre et libère.
Dans ce passage de l’Evangile, le Seigneur Jésus leur demande : « avez-vous quelque chose à manger ? ». Ce repas avec les disciples - en plus d’être une preuve concrète qu’il n’est pas un esprit - est une figure du repas eucharistique, de ce sacrifice par lequel le Seigneur Jésus donne sa vie : « ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». Nous avons l’essentiel ! Le chrétien qui prend sa vie et sa foi au sérieux, trouve dans le sacrement de la réconciliation et de l’eucharistie, non pas ce, mais Celui qui lui permet de vivre en acte et en vérité, son baptême, et par suite, d’être témoin du Christ ressuscité et de son amour pour chacun d’entre-nous.
Abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades